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314 TROISIÈME PAPfTlE — LA CRISE MORALE

ciété, rallier les bonnes volontés, et les préparer et libérer l'opinion publique de la presse vénale qui Ténerve, pour l'organiser et la diriger sagement.

Et c'est insuffisant sans doute. Que peuvent quel- ques hommes de cœur devant l'énorme chaos de rêve où divague la société française hallucinée ?

Pour la tirer de sa torpeur, il ne faut rien moins que la diane stridente du malheur. Il faut que chaque Français entrevoie d'une manière concrète la fin de sa race, que les femmes aient horreur de la stérilité qui les détraque, que chacun ressente la souffrance sociale de l'anarchie. Il faut une secousse qui ébranle profondément la société et lui restitue l'instinct de vivre et la saine volonté de la force qui en est la primordiale manifestation.

La prospérité, la paix et la liberté présentes sont effrayantes pour qui sait voir. C'est la prospérité de ceux qui ne désirent plus rien de ce qui est dési- rable, la paix de ceux qui subissent tout pour ne rien affronter, la liberté du suicide ou le suicide de la liberté.

On n'ose souhaiter le miracle salvateur de la pau- vreté qui fait aimer tout ce qui est grand, beau et fort, tout ce qui ne s'achète pas et tout ce qui donne la joie de vivre ; on n'ose désirer la guerre qui forge les caractères, suscite les héroïsmes et resserre les solidarités nationales ; on n'ose appeler le despo- tisme rude qui discipline aux libertés positives...

Et pourtant...

On n'évitera pas l'inévitable. Mais notre enseigne- ment peut en tirer la leçon qui régénère et notre ac-