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CHAPITRE II — LA DECOMPOSITION MORALE 313

toutes les forces positives, pour développer toujours •plus les possibilités de la liberté ; mais le lâcher de toutes les instincts destructeurs, et d'abord de la li- berté elle-même.

Toutes les civilisations mortes ont connu cette vo- lupté de l'agonie. Prenons y garde. En s'endormant sur la vase, on s'y enfonce.

Voyez où nous en sommes avec notre scepticisme. Rien ne nous fait plus réagir. Les pires scandales font sourire. Si Wilson avait eu de la patience, il serait ministre aujourd'hui, comme les autres. Plus l'exploitation politicienne du pays s'intensifie, plus les électeurs votent pour les exploiteurs. Les mou- vements d'opinion ne sont plus qu'une affaire de pu- blicité. Les idées profondes et les sentiments vrais n'agitent plus les foules; les sophismes livresques ont dénaturé les intelligences comme la grandilo- quence électorale a anesthésié les cœurs.

Il n'y a donc pas à compter sur une réaction géné- rale spontanée des idées et des sentiments, non plus qu'à la provoquer. On n'attire plus l'attention dis- traite des Français que par des procédés grossiers qui vont à l'encontre même du but qu'on se propo- serait. Il n'y a que les partis qui se peuvent faire en- tendre aujourd'hui. Or il n'est pas un parti qui ne préfère ses propres succès à l'établissement de l'ordre national. Sous cet aspect, tous les partis se valent qui ruinent la France en la divisant.

A l'heure présente, il n'y a pas à faire autre chose que de montrer à une élite où nous conduisent nos erreurs, rappeler les principes vitaux de toute so-