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310 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

La pornographie n'est qu'une manière du sabotage de Tart, — et donc une conséquence de l'anarchie économique. Laissez faire, laissez passer, — laissez empoisonner, pourrir, laissez saboter.

Est-ce donc la moralité publique qu'il faut re- dresser? Comment ? Vos prêches, il faudrait y croire- vous-mêmes, et à tout le moins jusqu'à vous astrein- dre à l'attitude de les vivre.

On n'a plus d'autre objet que de jouir quand on n'a plus de devoirs. Et Ton n'a plus réellement de devoirs, — ni envers soi-même, puisque l'individu isolé n'est plus qu'un accident d'un moment ; ni en- vers son métier, puisqu'on n'œuvre plus que pour le* gain ; ni envers la famille, puisque le divorce et le féminisme spontané l'ont dissoute ; ni envers l'État, puisque le parlementarisme l'a désagrégé ; ni envers la société même, puisqu'il n'y a plus de vie sociale.

Dans cette anarchie, toute jouissance est légitime, celle que donne la pornographie comme les autres. On ne dose pas une avalanche.

C'est l'abrutissement de l'individu, dit-on, c'est la fin de la race. Qu'est-ce que cela peut fairô à qui n'a pas de motif de vivre?

Un des plus actifs ferments de décomposition, c'est l'ennui. Et Ton s'ennuie parce que l'on ne se dépasse pas, parce que, limité à soi-même, on a vite fait de connaître tout ce qui se rapporte à soi. L'âme s'épuise et languit dans la prison d'un égoïsme. Quand il n'a plus d'autre objet que les plai- sirs de son corps, l'homme en a tôt fait le tour, mal- gré toutes les vilaines folies qu'il peut inventer, —