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308 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

pures. En reproduisant les pires lubricités des dam- nés, les naïfs artistes médiévaux voulaient en in- spirer rhorreur et non le désir. Ils y réussissaient pleinement. Aujourd'hui, même les statues grecques sont obscènes. Nous en avons fait Texpérience dans un milieu ouvrier, où nous avons pu observer des enfants, des jeunes femmes et des jeunes hommes défilant devant un moulage du Discobole. Pour un voyou des faubourgs, la Bible et même les Évangiles sont équivoques.

Les circonstances, Tépoque, le milieu, l'âge, peu- vent modifier le caractère moral d'une œuvre, et pour une même personne. Ainsi, pour quelques-uns, Nana était un roman pornographique, il y a vingt- cinq ans, qui est une « étude de mœurs » aujourd'hui.

L'obscénité, au fond, elle est au dedans de rhomme. Et ce n'est pas la pornographie qui l'éveille. La pornographie vient après pour la satisfaire à bon compte, et commodément.

Le besoin s'étant fait sentir, des professionnels se sont révélés pour le satisfaire. C'est normal, et tout à fait dans les principes de l'économie politique et morale de notre temps.

Au nom de quoi veut-on empêcher que les uns poursuivent les plus gros profits de leur labeur ou de leur commerce et que les autres recherchent les meilleurs plaisirs qui conviennent à l'âme que leur a faite ce siècle ? L'argent et les jouissances, ce sont les seuls ressorts qui subsistent. Ils jouent comme ils peuvent.

Tout est épars. Tout ce qui pouvait relier est