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CHAPITRE lï — LA DÉCOMPOSITION MORALE 307

Les marchands de vin et les tenanciers de tripots sont des puissances électorales ou parlementaires : un jour viendra, qui est proche, où les mercantis de la pornographie, par leur nombre, leur richesse, leur influence sociale, n'auront rien à leur envier.

De Tart, on nous en donnera, si l'on y mette prix. En se raffinant, en se faisant plus intellectuelle, plus artistique, la pornographie élargira son champ d'é- pandage. Il y en aura pour tous les goûts, — et pour tous les dégoûts. M. Pierre Louys et les esthètes se peuvent réjouir : on crèvera en beauté.

Si les expédients coercitifs peuvent atteindre un mode de pornographie, on peut être assuré d'avance que ce sera pour en favoriser et même en susciter d'autres, aussi nocifs. Tous ces abcès sont des exu- toires. Il est vain de chercher à les soigner les uns après les autres, et il est peut-être dangereux de les fermer artificiellement.

Aucune loi ne saurait avoir la souplesse vivante qu'il faut pour suppléer une âme. Si, à la rigueur, elle peut fixer la longueur et l'épaisseur des chemises des acteuses, elle ne peut régler les mouvements lascifs, les sous-entendus égrillards, ni les imagina- tions, plus ou moins morbides, des spectateurs. Elle ne peut empêcher l'obscénité qui se trace sur les murs, ni surprendre celle qui s'accomplit dans les bouges bien clos.

La police ne peut rien sur l'imagination, et c'est l'imagination qui fait surtout l'obscénité d'un dessin ou d'un écrit. Pour les cœurs chastes, tout est pur. Au moyen âge, les sculptures des cathédrales étaient