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306 TROISlÈiME PARTIE — LA CRISE MORALE

seront toujours d'excellents prétextes. Si on les écarte délibérément, comme le proposent de farou- ches pudeurs, on risque de tomber dans le grotesque ou Todieux, ainsi qu'il est advenu parfois, — et non sans dommage pour l'action moralisatrice.

Déjà, au congrès même, M. Georges Lecomte, au nom de la Société des gens de lettres, a prononcé : (( Nous avons le plus grand souci des libertés légi- times de Tart ». Et ailleurs, M. Doumergue, ministre de l'Instruction publique, a dit, le lendemain du congrès et à son propos : a Les conditions expresses d'une réglementation nouvelle seraient qu'elle respec- tât tous les droits de la pensée, toutes les formes de . l'art — pourvu qu'elles soient vraiment artistiques — et ne laissât nulle place à l'arbitraire ». Les indu- striels malpropres que nous visons peuvent être tran- quilles : avec de telles formules, tout peut passer.

L'art, la pensée, la beauté î Ce qui est immoral et malsain n'est pas nécessairement stupide et laid.

S'il en est ainsi, le plus souvent, c'est que la boue n'a pas encore atteint toutes les parties hautes. Mais il est visible qu'elle monte...

Jusqu'ici, les artistes et les écrivains de grand ta- lent ont eu d'autres débouchés, et ils avaient quelque idéal. Mais la concurrence entre les talents se fait toujours plus âpre, la soif d' « arriver » toujours plus intense, qui ne sauraient supporter les désuets scru- pules sur les moyens. D'autre part, la clientèle por- nographique grossit constamment et offre ainsi une prime de plus en plus forte à la production spéciale qui fait sa triste joie.