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CHAPITRE II — LA DÉCOMPOSITION MORALE 303^

temps l'audace de cette licence, arrêterons-nous un jour la propagation de cette lubricité ; mais, sachons- le, ce sera pour déplacer ou déguiser la dépravation, non pour la supprimer, ni même la restreindre. La répression, en cette matière, si vigoureuse qu'elle soit, ne saurait aller cautériser les profondeurs cor- rompues où les sanies s'élaborent.

Au congrès international contre la pornographie, on a préconisé surtout l'action policière et judiciaire. Quelques vœux en ce sens, voilà tout ce qu'on peut demander à des congressistes. C'est moins facile à appliquer qu'à voter.

On en a à la pornographie. C'est bel et bien. Mais qu'est-ce que la pornographie? Comme on ne veut pas voir qu'elle a des racines profondes avec des ra- mifications complexes, comme on veut la traiter par une action spécialisée, il la faut définir. C'est là que les difficultés commencent. La pornographie est bien plus subjective qu'objective. Toute définition ne peut être que vague ou ridicule. Les chevaliers de la pu- deur ne redoutent point le ridicule, nous le savons, et c'est parfois du courage quand il ne s'agit que de soi-même; mais c'est aussi, le plus souvent, de la sottise quand on prétend exercer un office social.

Résumant les définitions juridiques des tribunaux de Limoges et de la Seine, M. Pourésy, dans son livre La Gangrène pornographique^ déclare : « Est obscène tout ce qui tend publiquement et intention- nellement au rapprochement des sexes ». Intention- nellement? Comment le reconnaîtra-t-on ? Et puis, comment ne voit-on pas que ce qui tend, même pu-