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302 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

gens, qui ne manquent pas de courage. Là surtout, il fcuit être avec eux et braver résolument le ridicule, de s'avouer sain et propre. C'est, à tout le moins, manifester que Tinfection n'a pas tout gagné.

Est-ce à dire qu'on va guérir le mal?

Hélas ! les philanthropes et les moralistes affec- tionnent trop les tâches faciles et glorieuses, ils ré- pugnent trop à la pénible et vulgaire besogne de fouiller le social pour atteindre les racines qui y sont enfoncées profondément. Ils sont généreux et élo- quents. On souhaiterait qu'ils fussent désintéressés et ardents. Leur charité ne peut rien contre la misère, non plus que leurs ligues contre le vice. Il semble, vraiment, après tant d'expériences décisives, qu'ils négligent de s'en prendre décidément au mal même, pour avoir toujours à exercer leur bienfai- sance sur les effets.

Ils assistent aux fêtes de charité où il est de bon ton de se montrer, à tous les congrès que préside un membre de l'Institut, ils souscrivent aux Sociétés et Ligues où l'on décore ; mais ils ne participent jamais à une œuvre forte, positive, d'éducation, d'organisa- tion ou de reconstitution sociale.

Si Ton exhibe des filles nues sur la scène d'un théâtre, si l'on expose d'ordurières images aux de- vantures des kiosques, si la rue est envahie par une librairie immonde, c'est qu'il y a un public avide de toutes ces saletés, — et non pas seulement, comme on rinsinue hypocritement, les désœuvrés étrangers et les rastas de passage.

Réprimons, soit : peut-être intimiderons-nous un