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CHAPITRE II — LA DECOMPOSITION MORALE 299

- Le chiffre des suicides qui atteignait 8,1^0 en 1869, ^'est élevé à 9,945 en 1907 ; par rapport au nombre des décès, il a doublé, passant de 59 à 125 pour 10,000 décès. C'est ce qui juge nos progrès, nos lu- mières, et toutes les grandiloquences officielles.

1 Pour la famille, « révolution » est aussi inquié-

j tante. En 1885-1886, il y avait eu 14 divorces pour 1,000 mariages célébrés ; en 1888, il y en eut 20 ; en

j; .d889-1890, 23; en 1896-1900, 27; enfin, en 1901- 1905, 33 pour 1^,000 mariages. Les sociologues savent bien que le divorce est un

I de ces dangereux remèdes dont il faut toujours aug- menter la dose jusqu'à l'intoxication totale. 11 y a •quelques années, nous écrivions : « Ayant établi le divorce, nous sommes dans l'obligation de l'élai^ir. Et l'élargissant aujourd'hui jusqu'au divorce par •consentement mutuel, nous devrons l'élargir demain jusqu'au divorce par la demande d'un seul, — et après jusqu'à l'union libre. C'est fatal ».

Les chiffres mettent en lumière, pour tous, ces considératioïis générales. On sait maintenant que le divorce est un remède qui atténue provisoirement quelques inconvénients du mariage, mais qui géné- ralise une infection mortelle. C'est de l'homéopathie à rebours.

Enfin, voici qui est plus grave encore, puisque cela nous avertit non seulement de notre abaisse- ment moral, de notre anarchie, mais encore de la dégénérescence de la race. Marquons-le bien : en 1907, il y a eu 793,000 décès et seulement 773,000 naissances, — soit un déficit de 20,000 Français.