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CHAPITRE II — LA DÉCOMPOSITION MORALE 295

-du fonctionnarisme. Les Teste et Gubières du roi- citoyen, pour ne pas remonter aux Fouquet du roi- Soleil, ont précédé les politiciens de la troisième République. Il y a un siècle, J. de Maistre signalait un cas de prostitution infantile, et Ton peut lire dans le Journal des Concourt (année 1863) : « Aubriey me contait que dans la rue, hier, une petite fille de sept ou huit ans lui avait proposé sa sœur, une fillette de quatorze ans, en lui offrant de faire, avec son haleine, de la buée sur les carreaux de la voiture où ils mon- teraient, de manière que les agents de police ne voient rien ».

Ce qui semble donner raison aux esprits superfi- •ciels et faciles qui se satisfont d'un calembour et des apparences, c'est que l'agonie est lente, beaucoup plus lente que ne l'avaient pu supposer les moralistes et les sociologues. L'énergie de vivre de tout orga- nisme social est considérable.

Néanmoins, lorsque l'infection est généralisée, c'est la dissolution, la déliquescence, et Tissue tra- gique est fatale, à bref délai.

. Pessimisme, dira-t-on. Non pas. Nous ne signa- lons qu'un mal trop réel, et pour qu'on y fasse atten- tion avant qu'il soit trop tard ; nous ne désespérons que des principes morbides qui décomposent la so- ciété, et pour qu'on en revienne aux principes qui la vivifieraient. Est-ce là du pessimisme?

Mais les principes que nous dénonçons, — suf- frage universel, parlementarisme, irresponsabilité, etc., — sont-ils aussi nocifs que nous le prétendons, et le mal aussi grave que nous le disons ?