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294 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

Ce sont les prolétaires et les femmes qui souffrent le plus du désordre mortel qui les a exclus du foyer et de la Cité. Le cœur prolétarien et le cœur féminin, c'est-à-dire Ténergie et Tamour, nous sauveront et nous régénéreront, — si nous pouvons Têtre encore.

CHAPITRE II La Décomposition morale

Les spirituels chroniqueurs et les aimables philo- sophes, dont l'essentielle fonction est de nous amu- ser d'un mot et de nous endormir d'un sophisme, ont beau jeu contre les prophètes de malheur. N'ont-ils pas pour eux, d'abord, l'innombrable légion de ceux qui ne veulent rien voir ni savoir, tout l'énorme poids mort social de la paresse et du parasitisme. Jouir du moment, jouir quand même, amasser de l'or : cela durera bien autantqueleur spasme. Après, disent-ils, on se débrouillera, c'est-à-dire nos fils se débrouilleront. On en a vu bien d'autres : la guerre, la Commune... Amusons-nous.

Depuis que les esprits chagrins nous annoncent la fin de tout dans la désolation de la désolation, on va tout de même, — et gaiement. On n'a jamais été aussi gai. A Paris seulement, il n'y a pas moins de deux cent mille filles de joie préposées à nos nobles plaisirs, — sans compter les hommes de lettres.

Sous la Restauration, on dénonçait déjà la plaie