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292 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

Jamais la femme n'a été promue si haut, parce que jamais sa véritable nature ne nous fut si complète- ment définie. La Vierge Marie, si touchante à tant d'égards, n'est qu'une grande partie de la nature fé- minine idéalisée. Le positivisme nous révèle toute l'adorable intermédiaire de l'Humanité qu'est la femme. C'est par elle que nous pouvons seulement concevoir ce Grand Être. « Telle est leur sublime destination, dit Comte, aux yeux de la religion dé- montrée. Le Grand Être leur confie spécialement sa providence morale, pour entretenir la culture di- recte et continue de l'affection universelle, au milieu des tendances, théoriques et pratiques, qui nous détournent sans cesse ».

Dans la religion de l'Humanité, la femme est donc glorifiée successivement comme mère, épouse, fille et sœur, voire comme domestique. Quatre dimanches par an sont consacrés à ce culte. De plus, à la fin de chaque année bissextile, on célèbre la fête collective des femmes, personnellement sanctifiées.

Les femmes sont les plus douloureuses victimes d'une anarchie qui réveille les bestialités primitives. Dans ce chaos de violences, les hommes peuvent encore s'anesthésier d'orgueil. A tout le moins, ils satisfont leurs grossiers appétits. Mais avec leurs pauvres vanités de poupées parées et empanachées, leurs triomphes d'alcôve, les femmes ne se peuvent soustraire longtemps à l'angoisse du néant qui les oppresse. Elles souffrent de n'avoir plus à aimer qu'elles-mêmes et leurs chiffons. Est-ce qu'elles ne crient point leur désespoir jusque dans les toilettes