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CHAPITRE I — LA FEMME ET LE POSITIVISME 289

prévaloir rinfluence morale, dit Comte, le sexe ■affectif réprouve spécialement les brutalités collec- tives : il supporte encore moins le joug du nombre -que celui de la richesse ». Elle eût donc empêché la déviation et Téchec, qu'on ne peut attribuer qu'à rignoble joug du nombre et de l'argent, d'une œuvre utile et belle.

Salon, club ou université populaire, « c'est là sur- tout, lit-on encore dans le Système de politique posi- tive, que les femmes feront librement prévaloir leur douce discipline morale, pour réprimer, à l'état nais- sant, toutes les impulsions vicieuses ou abusives. Un avis indirect, mais opportun et affectueux, y dé- tournera souvent le philosophe d'une ambition four- voyée ou d'une orgueilleuse divagation. Les cœurs prolétaires s'y purifieront habituellement des germes renaissants de violence ou d'envie, sous une irrésis- tible sollicitude dont ils apprécieront la sainteté. Il y a peu d'exemples jusqu'ici de philosophes détour- nés d'argumenter quand il faut sentir... L'orgueil doctoral sera toujours moins disposé que la violence populaire à l'efficacité du correctif féminin ; car le prolétaire est mieux animé que le philosophe par le principe affectif, dont l'invocation directe constitue la seule arme des femmes. Un sophisme leur offre beau- coup plus d'obstacles qu'une passion. L'influence féminine dignement subie par l'instinct prolétaire, constitue réellement notre principale garantie contre les immenses perturbations sociales que semble devoir susciter l'anarchie actuelle des intelligences. Quoique l'esprit ne puisse rectifier des sophismes

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