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288 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

la femme, en la libérant des servitudes économiques^ et quelle mission sublime il l'invite à remplir.

D'abord l'éducation. <( Surintendance maternelle^ de réducation », dit le Maître. Il ajoute : « Toute la morale spontanée, c'est-à-dire l'éducation des senti- ments, celle qui au fond affecte le plus l'ensemble de- là vie, doit dépendre essentiellement des mères. »

L'ambiance familiale est indispensable à la for- mation des sentiments comme à leur saine direction. La vie commune, le contact journalier, aussi l'amitié, plus vive d'un sexe à l'autre, nous découvrent seuls le fonds sympathique de la nature humaine, et en y ajoutant. On ne comprend bien que ce qu'on aime. Ce n'est pas chez les cuistres et en latin, c'est dans la famille et par l'affection qu'on fait le mieux ses « humanités ». Et sans cette connaissance primor- diale, cette éducation initiale, le cœur restera tou- jours sec, et donc l'esprit tronqué et faux. Mais ce n'est pas seulement sur les siens que la femme peut exercer sa douce influence.

Auguste Comte préconisait le salon. On entend bien qu'il ne s'agit pas là du salon mondain où Ton bostonne, où l'on intrigue, où l'on flirte, où Foiî médit, où l'on étale sa richesse, ses infamies et ses stupidités. Le salon et le club, qui devraient être, d'après Comte, des laboratoires d'opinion publique et des écoles de sociabilité, c'est à peu près l'Uni- versité populaire, comme son fondateur l'avait conçue. La femme y eût présidé moralement. Son influence eût été précieuse si elle avait pu y pénétrer suffisamment. « Tendant partout à faire justement