Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE I — LA FEMME ET LE POSITIVISME 283

C'est sur ce bon sens de la femme et sur les inspi- rations de son cœuf que nous avons à compter.

On ne reconstituera point la société française sans l'efficace coopération de la femme. Son bonheur est nécessaire à l'ordre. Son influence, au progrès. C'est son amour qui rend les libertés possibles et les crée.

En France, près de sept millions de femmes tra- vaillent, c'est-à-dire sont détournées de leur véri- table destination. Cela représente plus du tiers de la population active et de la population féminine. La France occupe là le troisième rang, après l'Autriche et l'Italie. Le parlementarisme aidant, elle passera bientôt au premier. C'est dans la décomposition so- ciale, maintenant, dans les pires régressions, qu'elle prend la tête des nations.

« L'ouvrière! s'écrie Michelet, mot impie, sordide, qu'aucune langue n'eut jamais, qu'aucun temps n'aurait compris avant cet âge de fer, et qui balan- cerait à lui seul tous nos prétendus progrès ».

Voici (( l'indépendance » qu'on invoque : 45 mé- tiers féminins rapportent 390 francs par an. Notons encore ceci : le nombre des ouvrières s'accroît plus vite que celui des ouvriers, et la proportion des femmes mariées grossit.

On parle de préserver la femme de la prostitution par le travail. La vérité, c'est que l'atelier féminin se déverse sur le trottoir, — par la corruption de la promiscuité, les nécessités du chômage ou pour com- pléter un salaire d'appoint insuffisant. C'est en étant filles de peine que tant de malheureuses se pré-