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282 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

bruit de la rue et le mugissement des machines ne les arrachent point assez à elles-mêmes. Elles s'en- nuient mortellement. Leurs folies et leurs vices, c'est de Tennui qui s'exaspère.

O.rtes, il ne faut pas trop généraliser. Toutes les femmes ne sont pas encore a dans le train » des ca- tastrophes. Il y a les jeunes filles qui ont de vagues . aspirations vers une meilleure destinée, aspirations^ qui s'égareront, qui se perdront si on ne les éclaire point. Il y a les femmes de foyer quand même. Ce sont les plus nombreuses, d'ailleurs ; mais elles, vivent en retrait, et ce sont les autres qu'on voit,, qu'on entend et qu'on applaudit. Sans savoir pour- quoi, avec même la crainte parfois d'être un peu ridi- cules, les femmes de foyer continuent à faire ce qu'ont fait leurs mères. Ce sont elles, d'abord, qu'il nous faut fortifier dans leur bon sens.

Balzac affirme que a les êtres sensibles ne sont pas les êtres sensés ». C'est faux. Ou plutôt ce n'est exact que lorsque cette sensibilité est déréglée. Diderot, avant l'explosion du romantisme à laquelle assistait Balzac, a mieux dit : « Tandis que nous lisons dans les livres, les femmes lisent dans le grand livre du monde. Aussi bien leur ignorance les dispose-t-elle à recevoir promptement la vérité, quand on la leur montre. Aucune autorité ne les a subjuguées. Au lieu que la vérité trouve à l'entrée de nos crânes un Platon, un Aristote, un Épicure, un Zenon, en sen- tinelles, et armés de piques pour la repousser. Elles sont rarement systématiques, toujours à la dictée dui moment ».