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CHAPITRE IV — LA DICTATURE POSITIVE 277

un pouvoir spirituel, sage, éducateur et ferme direc- teur de l'opinion publique ; et l'on voit aussi com- bien cette formidable puissance sociale d'approba- tion et de réprobation, voire d'excommunication sociale, serait efficace pour maintenir la dictature dans sa fonction limitée.

Au moyen âge, pour refréner les abus du pouvoir et de la richesse, il y avait l'excommunication. Rien ne Ta remplacée. C'est pourquoi le pouvoir et la ri- chesse sont instinctivement suspectés et même haïs. Le boycottage d'abord, la grève générale ensuite pourraient, ce semble, remplir le même office : la société excluant celui qui s'en détache de lui-même en ne se reconnaissant aucun devoir envers elle. Gomme l'excommunication, on l'appliquerait rare- ment. La menace suffirait. L'opinion publique réor- ganisée, sagement dirigée, disposerait là d'une sanc- tion efficace. Dès lors, rien ne s'opposerait à la con- centration de la richesse indispensable à une admi- nistration féconde, c'est-à-dire au développement de la production générale, non plus qu'à une direction politique législative et executive unique et continue. Toutes les libertés seraient garanties ainsi, par une ferme autorité, dans une prospérité croissante, dans l'ordre, sans que la République ait à craindre, dé- sormais, les excès de la ploutocratie et de l'autocra- tie. Remplacés, le suffrage universel et le parlemen- tarisme seraient définitivement abolis.

Le pouvoir spirituel sera intellectuel et moral. Les philosophes exerceront le premier par la raison ; et les femmes, le second par Tafifection. Il va sans dire