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270 DEUXIÈME PARTIE — LA GRISE POLITIQUE

C'est parce que celle Iriple fonclion sociale de conseiller, consacrer el régler est « suspendue depuis la fin du moyen âge » que Tanarchie a pu prendre rimmense développement qui a désorganisé toutes nos libertés et troublé, — sinon desséché, — jus- qu'aux sources vives de toute association humaine. L'opinion publique organisée refrène les abus des puissants el des riches, elle exalte le dévouement et l'héroïsme. Mais n'étant plus éclairée et guidée, elle est devenue un mouvement de foules sans cohésion et sans but, qui se produit pour les idées les plus généreuses, les plus nobles sentiments, un jour, comme pour les passions les plus viles. Une presse au service de qui la paye et des politiciens de rapine déclenchent, entraînent ou arrêtent ce mouvement comme il leur est agréable ou profitable. Il en est de l'opinion publique aujourd'hui, ainsi que de l'hysté- rique chez qui le médecin provoque ou met fin aux crises par certaines pressions.

Le désarroi mental et moral est à son comble. Chacun se fait une conception sur toutes choses, quelle que soit son incompétence, el suivant ses in- térêts immédiats les plus étroits, ses préjugés, ses humeurs, à moins qu'il ne laisse libre cours au dé- vergondage d'une imagination que rien ne contient plus, — pas même l'humilité. C'est ce qu'il est con- venu d'appeler la libre-pensée. Le sophisme est par- tout. L'instruction d'État l'a mis à la portée de tous. Par là, elle a surtout contribué à l'abrutissement populaire.

On voit assez, ce semble, tout ce qu'aurait à faire