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2/4 DEUXIEME PARTIE — LA. GRISE POLITIQUE

force isolée dans Tuniverselle impuissance du dé- sordre, s'il n'y avait devant sa volonté et ses caprices qu'une poussière sociale. Certes, ce ne serait pas pire que le parlementarisme ; mais ce ne serait guère mieux. Encore une fois, ce n'est pas le dictateur, le sabre, l'homme, « l'homme au fouet » dont parle M. Georges Valois, à qui on fait appel, ce sont les conditions de l'ordre social, de la puissance politique qu'on envisage. Et ces conditions s'expriment ainsi pour la fonction politique : une dictature, c'est-à- dire une direction unique, continue, indépendante et responsable. En annonçant que cette forte auto- rite sera gardienne des libertés, on présuppose ces libertés constituées ou en voie de constitution. Or, les libertés, ce sont des forces sociales organisées. Une force n'est limitée que par une autre force.

Loin d'être contraire aux libertés qui, seules, vivi- fient la démocratie, la dictature leur est indispen- sable. On conviendra qu'il y a loin de cette concep- tion organique de la démocratie au grossier expé- dient, auquel des bourgeois apeurés auraient volon- tiers recours aujourd'hui, pour se préserver de Tim- pôt sur le revenu ou mater le syndicalisme. D'autre part, les libertés qui prendront un vigoureux essor dans l'ordre rétabli, — dont le syndicalisme, — sau- ront bien empêcher « la dictature empirique », comme disait Auguste Comte, par laquelle nous passerions, de dégénérer « en tyrannie rétrograde».

Non seulement la dictature doit être limitée, — par toutes les activités sociales réorganisées, — à la fonction politique qui lui est propre ; mais encore

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