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270 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Ce que nous voulions hier, dans Tenthousiasme^ nous avons de plus solides raisons, aujourd'hui^ après Texpérience, de le vouloir encore. Mais mieux^ d'une énergie plus sûre, d'une intelligence plus claire. Ce n'est point diminuer Tidéal que de le pré- ciser. Nous ne renoncerons point.

Nous n'opposerons donc pas Tordre à la liberté. Sachant seulement, comme nous récrivions à la pre- mière page de La Démocratie vivante, que « la liberté n'est qu'une condition de vie plus intense, tandis que l'ordre est une condition de vie essentielle », nous aurons d'abord, dans la crise dangereuse que nous traversons et qui s'aggravera jusqu'à la cata- strophe définitive, le souci de l'ordre. Mais nous n'ou- blierons jamais que c'est pour donner des assises inébranlables à nos libertés.

Nous ne renierons point la démocratie, encore que cela devienne à la mode. Mais nous la définirons. Nous ne la solidariserons pas avec les exploiteurs de la démocratie. Nous distinguerons avec soin la dé- mocratie qui se réalise vraiment, par nos efforts patients, de celle des mots sonores ; celle des forces vives de celle du nombre amorphe.

On s'en tient, nous le savons, à celle des mots. C'est se donner trop beau jeu pour s'en servir ou pour la dénigrer. Pourquoi ne pas la considérer dans l'action de ses énergies, dans les faits qui la prouvent ?

Certes, si la démocratie n'était que le nombre inorganique, ce serait la superstition la plus imbé- cile qui ait pu hébéter un peuple, et pour le perdre