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CHAPITRE IV — LA DICTATURE POSITIVE 269

initivement concentrées dans les mains d'un seul (i). Là aussi il y a confusion. C'est ignorer, par exemple, les nombreux ministres^et naba à qui commande le moro-naba du Mossi, bien qu'il n'y ait là aucun ser- vice public. Chez les roitelets du Sénégal, bours, damels, et autres il y avait, proportionnellement, plus de fonctionnaires qu'en France. C'est donc divi- sion croissante des fonctions sociales qu'il faut dire. Celle de la direction politique se définit ainsi de plus en plus et peut plus aisément se concentrer dans les mains d'un seul chef, dignement secondé par toutes les compétences, et assez puissant pour pouvoir s'ap- puyer, sans avoir rien à en redouter, sur la liberté positive de toutes les autres fonctions sociales.

Somme toute, il n'y a pas de formation sociale qui soit au « profit exclusif » d'un seul, même sous le régime parlementaire qui est le plus propre à favo- riser l'exploitation d'un pays. D'autre part, ce n'est pas la monarchie la plus absolue qui existe chez les sauvages que l'on connaît. Ceux que nous avons vus dans le centre africain étaient très palabreurs, c'est- à-dire parlementaires. Les coups de violence d'une anarchie, ce n'est pas du despotisme.

Mais ne médisons point des anciens espoirs qui nous ont exaltés. A tout le moins, ils nous ont élevés au-dessus de nous-mêmes. Si les déceptions sont amères, elles nous instruisent.

Nous avons aimé la liberté comme des enfants pas- sionnés : ne la haïssons point de l'avoir mal servie.

{i) Emilk Corra. — La Morale politique.