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258 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Cité, sans croyance qui le relie et sans organisation positive qui le rallie.

Tout cela est vrai. Nous le savons. Nous le disons. Mais ces conditions de vie sociale sont aussi nécessaires- à un roi qu'à un dictateur. Et les royalistes le recon- naissent eux-mêmes pour excuser l'impuissance de Louis XVIII et de Charles X. Si parfait qu'il soit, aucun mécanisme ne se peut passer de force motrice, si par- fait qu'on l'imagine, aucun arrangement social ne se peut passer de la vie. Certes, Auguste Comte a pu se tromper. Il s'est trompé surtout dans l'appréciation des faits et dans ses espérances. C'est à nous de le rectifier là-dessus. Mais sa méthode subsiste, malgré- tout, et c'est sa méthode que nous utilisons.

Nous ne voyons pas en quoi un dictateur qui re-^ présenterait la France serait inférieur militairement à un roi.

Un dictateur positiviste a toujours son successeur qu'il a désigné prêt à continuer sa tâche, dans le même esprit. Il a aussi, pour support, toutes les- forces sociales organisées.

Une famille royale, même quand elle n'est pas di- visée par les intrigues, pour la continuité comme pour la compétence, nous offre moins de garanties qu'un pouvoir spirituel dont les agents sont les hommes les plus qualifiés, au point de vue moral et intellectuel, qui ont renoncé à la richesse et à l'au- torité temporelle pour se consacrer au service social.

« Avant de réorganiser le pays, il faut en assurer la conservation », nous dit M. Antoine Baumann.