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CHAPITRE IV — LA DICTATURE POSITIVE 257

homme d'État. D'ailleurs, dans sa situation, un homme d'État ne ferait pas mieux. La bourgeoisie, qui n'a plus la volonté des grands devoirs que lui imposerait un ordre organisé, ne peut tenir qu'à l'anarchie parlementaire qui favorise son exploitation •économique et permet ses basses jouissances.

Mais supposons ce ministre débarrassé des injonc- tions de la piraterie financière, des chantages de la presse, des pressions de la politique d'aifaires et des sollicitations d'électeurs et des électeurs d'électeurs. Il est indépendant et responsable, il est dictateur à vie et il a désigné son successeur. Il est, d'ailleurs, conseillé et jugé par le pouvoir spirituel des philo- sophes qui dirige l'opinion publique et il a pour con- trepoids le prolétariat formidablement organisé pour le travail. Quel mal pourrait-il ou voudrait-il faire ?

N'est-il pas plus simple et plus sympathique de penser qu'il s'efforcerait plutôt de laisser à la posté- irité le souvenir de sa bonne volonté et de son intel- Iligente fermeté?

Mais, va-t-on nous objecter, l'organisation dont s'anime une politique positive, n'existe pas. Aucun I pouvoir spirituel, sauf l'ombre attristée que projette [encore l'Église, n'est constituée, ni en voie de con- istitution. On n'en aperçoit même pas les éléments. [Comme savants, il n'y a que des spécialistes, comme philosophes, il n'y a que des universitaires et des dilettantes, sans désintéressement, sans caractère et sans doctrine. L'opinion publique, décérébrée, dé- moralisée, n'échappe à sa torpeur abrutie que par iï-rises d'hystérie. Le prolétariat est dispersé, hors la

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