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248 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Depuis, tous les gouvernements du siècle, — et même les rois, — ont tenu bon pour maintenir le prolétariat dispersé et, conséquemment, hors la Cité. Et si, en 1884, on a pourtant reconnu Texistence légale des syndicats, c'est que ceux-ci, par l'action directe, l'audace du fait, avaient déjà imposé leur existence réelle. Waldeck-Rousseau, en paraissant prendre la tête du mouvement, se proposait de le canaliser et de le faire dériver vers le réceptacle sans fond de la place Beauvau. M. Barberet Taida avec toute la prudence d'un fonctionnaire. Pour ha- bile que fût ce coup, et si bien conduit, il échoua piteusement. Le bon sens prolétarien déjoua ces sub- tiles combinaisons. Il en déjoua d'autres. Maintenant, on va peut-être employer la poigne, ultima ratio,,.

Nous ne croyons donc pas que le syndicat, non plus qu'aucune autre organisation sociale, puisse coexister avec le parlementarisme. Il faut que l'un des deux principes, celui d'organisation ou de disso- lution, absorbe l'autre. Tant qu'il sera possible qu'un Briand devienne ministre par les procédés qu'on sait, la démagogie surgira toujours spontanément des organisations ouvrières, pour les détourner de leurs fins, de leurs fonctions essentielles, et par là ks désagréger.

Cependant, entre la révolution sociale et le roi, l'anarchie et la monarchie, nous entrevoyons d'au- tres solutions, — ne serait-ce que celle de la Répu- blique positiviste. Les événements prononceront en dernier ressort. Pour nous, nous ne pouvons accep- ter de limiter les possibilités de salut.