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CHAPITRE III — LE PARLEMENTARISME 245

térêt général dont il n'est pas responsable. Il ne gouverne pas. Un gouvernement est une direction. Or « une assemblée ne peut jamais, par elle-même, organiser une direction ». Cet axiome de Pierre Laf- fitte est évident. Il suffit de renoncer. De même, ce- lui-ci : « Aucune opération ne peut s'accomplir que sous la direction d'un organe unique ».

L'ordre est la seule possibilité du progrès. A qui dirige, on n'a qu'à demander d'assurer l'ordre, de garder la Patrie, de favoriser le progrès.

M. Eugène Fournière, « utilisant » Auguste Comte, nous parle de sociocratie. Nous en sommes : c'est la formule politique même du positivisme, il n'en est pas de meilleure. Mais ce socialiste ingénieux l'en- tend mal, il s'en tient à un mot heureux, puisqu'il veut fonder cette « sociocratie » sur ce qui la nie, sur une diffusion du parlementarisme dans tout le corps social. Remède par trop homéopathique. Si l'on accepte la solution positive, il se faut plier aux conditions qu'elle comporte, celles-là mêmes qu'on s'efforce de reconnaître ici. Or, la condition d'une sociocratie positive, c'est l'ordre, et la condition fondamentale de l'ordre en mouvement, c'est une direction unique, continue, personnelle et respon- sable, — c'est-à-dire une dictature.

Oui, une dictature, inébranlablement établie, pour sa fonction statique propre de maintenir l'ordre ; mais contrôlée, contenue, sanctionnée par une opi- nion publique éclairée par les philosophes, discipli- née par le sentiment féminin, agissante par l'énergie prolétarienne.