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240 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

lecture est complètement tombée en désuétude. Les ordres du jour sont changés par de constants caprices ; il arrive que des lois importantes sont votées par surprise, sans discussion^ ou bâclées. Les motions ou résolutions, qu'on écartait autrefois, encombrent les séances. Des votes irréguliers et suspects vont jus- qu'à changer la majorité... La Chambre ne s'inté- resse qu'au côté théâtral des débats, c'est-à-dire aux interpellations et aux luttes pour la vie des ministres périssables... C'est un curieux spectacle que de voirj les députés se disperser comme une volée d'oiseaux lorsque, après une interpellation, on aborde les choses^ sérieuses. La discussion de la loi sur les retraites) ouvrières, qui provoque tant d'amour étalé, a été suivie par une moyenne de vingt-cinq députés. On' remarque la même nonchalance dans le travail plus important qui se fait dans les commissions. Il est. bien rare qu'une commission réunisse d'une manière constante le quart de ses membres ».

Qui s'attribue des fonctions qui ne lui conviennent pas, néglige nécessairement celles qui lui sont pro- pres. Ainsi, le parlementarisme est un creuset de dissolution, il crée le chaos au centre du vide. Tout ce qui était la France est dans le chaos central. Au delà, bientôt, il n'y aura plus rien, — sinon des électeurs et des contribuables (1).

(1) Dans son Cours d'économie politique^ Charles Gide écrit: (( Il y a soixante ans (en 1846), la population urbaine représen- tait un peu moins du quart de la population de la France (24,40 0/0). En 1876, elle en représentait beaucoup plus du tiers