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232 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

d'occasions. Trois millions de clients, c'est plus qu'îî ! n'en faut pour constituer une majorité ministérielle comme il n'y en a jamais eu, yexer dix millions de! catholiques, exploiter huit millions de prolétaires, et livrer délibérément à l'étranger un pay3 de 39 mil- lions d'habitants.

La corruption électorale ne se dissimule plus, la tyrannie politicienne n'a plus de limite.

Voici ce que rapporte M. Henry Leyret, dans son livre La politique et les politiciens :

« ...Et je sais pire. Le ministre de la guerre ac- corde des allocations à d'anciens soldats. Combat- tants vieillis, serviteurs mutilés, la plupart de ces pensionnés spéciaux n'ont pas d'autre ressource. Ils attendent la mort sur une langue de terre en se nour- rissant de ce charitable morceau de pain. Nous en connaissions qui achevaient ainsi leur vie dans des : communes voisines. Ils étaient républicains, mais d'un modérantisme qui déplaisait à certains édiles. Ceux-ci les dénoncèrent à la préfecture comme en- nemis du gouvernement. Un jour, les malheureux apprirent avec stupeur que leur secours annuel ve- nait d'être supprimé. C'était la misère brutale : ils se pendirent. — Le scandale fut étouffé ».

L'odieux système des fiches fonctionne en grand. Cette tyrannie basse n'a pour moyen que le mouchar- dage général. M. Henry Leyret s'étant plaint à son député que, dans sa commune, le commissaire cen- tral eût reçu d'un coup plus de 2,000 fiches à rem- plir, u soit la moitié du nombre des électeurs du canton », ce député lui répondit que tous les mem-