Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE II — l'anarchie DISSOLVANTE 227

cupation quasi-morbide de sa sécurité, une vanité un peu sotte, pour tout dire par son aveuglement et son égoïsme.

Si elle s'inquiète, ce n'est point des exactions, des turpitudes d'en haut, mais des clameurs d'en bas. Elle s'exaspère d'une grève qui dérange ses habi- tudes : la concussion, la trahison, le pillage des gouvernants, dont elle ne ressent pas immédiate- ment et personnellement les effets, la laissent indif- férente. Que les gouvernants montrent quelque éner- gie à lancer les soldats sur les grévistes, elle leur passe la désorganisation et la ruine du pays. N'est- ce pas ainsi qu'on sauve la société pour une se- maine ?

Le prolétariat est aussi aveugle. Ne se trouvant en contact qu'avec la bourgeoisie active, utile, en ma- jeure partie intègre et saine, c'est surtout celle-ci qu'il attaque.

Il y a là un grave malentendu.

Les hauts personnages du régime qui fait monter la lie ne représentent pas plus la vieille bourgeoisie française que les blêmes apaches nocturnes ne figu- rent le robuste et franc prolétariat.

L'action de classe a un sens : c'est de la division du travail, et donc du concours. La lutte de classe n'en a pas.

Si, pour débarrasser le pays de tous les parasi- tismes qui le rongent, un coup de violence s'impose quelque jour prochain, cela même ne sera pas de la lutte de classe. La cohue de profiteurs, de jouisseurs^ d'aigrefins que le suffrage universel a fait surgir des