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226 DEUXIÈME PARTIE -— LA CRISE POLITIQUE

Voilà en quelles mains est tombée la direction sociale, qui implique de si lourds devoirs, une res- ponsabilité écrasante, — voilà ce qu'il reste de la direction sociale ! Certes, Tanarchie brutale — qui ne saurait durer — vaudrait mieux que cette pourri- ture élégante.

Mais ce n'est pas là toute la bourgeoisie. Le parle- mentarisme électoral fait monter la lie.

Nous avons parlé de la magistrature qui n'a plus de conscience. Il ne faudrait pas généraliser, d'après la lie qui est montée. Dans nos provinces, il y a en- core des magistrats honnêtes, dignes, pleins de leur mission sociale. Ils occupent leurs loisirs à complé- ter une collection entomologique, à traduire Horace, à construire une inoffensive utopie, ou à quelque autre jeu innocent. Mais ceux-là restent juges sup- pléants. Ils sont au comble de leurs vœux, d'ailleurs, quand l'humble ruban violet des courtiers électo- raux vient honorer (croient-ils naïvement) leur bou- tonnière.

Dans toutes les classes, en France, il y a encore de la probité et de la santé, et la bourgeoisie en re- présente sa bonne part. Et c'est ce qui nous a sauvés jusqu'ici. Cela nous vient de notre sang, de notre sol, de notre ciel, de nos morts, de notre histoire...

Malheureusement, la bourgeoisie, nous entendons cette partie active qui n'est pas encore viciée, ou qui ne l'est que superficiellement, parfois par snobisme, se caractérise par sa timidité, voire sa pusillanimité, un goût excessif pour la tranquillité, — qui est le plus sûr moyen de ne l'avoir jamais, — une préoc-