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220 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

théoriques qui paraissent en pâtir ont à s'en félici- ter : n'est-ce point pour faire leur besogne en grand, en toute tranquillité, que les anarchistes pratiques les emprisonnent ?

Les coups de fusil au Maroc ne furent non plus des manifestations de force nationale.

Certes, il y avait là une belle tâche de civilisation à accomplir : policer ces populations barbares, es- clavagistes, et par là assurer définitivement la sé- curité de nos protégés noirs de l'Afrique occidentale, périodiquement — par les rezzous maures et maro- cains — molestés, pillés, tués, emmenés en capti- - vite, pour être vendus comme delà <( viande », disent les négriers, sur les marchés d'esclaves du Maroc. C'était aussi faire un bloc de l'Afrique française, avec notre Algérie, notre Tunisie, notre Afrique oc- cidentale et notre Congo, — toute la possibilité d'une action d'humanité féconde. Déjà, le général Lyautey, avec tout le cœur et l'intelligence qu'il y faut, avait préparé notre pénétration civilisatrice.

Mais les hésitations louches de cette campagne, l'incohérence des ordres supérieurs, qui semblent toujours attendre ceux de la Bourse, pour tout dire la puanteur d'argent sale et de flibuste qui s'est dégagée de toute celte aff'aire ne laisse point d'inquiéter le vrai patriotisme.

Déshonorer l'armée dans des aventures de Bourse est aussi d'une terrible tactique antimilitariste.

On désespère. Car ce n'est pas seulement devant l'étranger menaçant qu'on désarme, c'est aussi de- vant l'avenir, notre propre avenir, quand, l'âme