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CHAPITRE II — l'anarchie DISSOLVANTE 217

réduit notre armée. D'ores et déjà, notre armée ac- tive est inférieure de 400,000 hommes à l'armée alle- mande. Nous désarmons aussi sur mer par rapport aux autres nations, puisque nous restons station- naires, alors que l'Angleterre double, TAllemagne et les États-Unis triplent et le Japon quadruple leur budget de la marine. Au reste, nous désarmons de toutes manières, par la natalité, par Tactivité indu- strielle, par l'audace commerciale, et surtout par le caractère.

Les pacifistes eux-mêmes ne sauraient s'y tromper. Nous avons parlé de désarmement honteux. Écoutez l'éminent économiste Charles Gide (1) :

<( Ce n'est point pour donner la paix au monde, mais seulement pour donner satisfaction à des élec- teurs que le service militaire assomme, que ce ser- vice vient d'être réduit à deux ans — et qu'il ne tardera pas à Tetre bientôt à un an. Il ne s'agit point ici de l'amour de la paix, mais de Tamour de ses aises. Les hommes se soustraient au service mi- litaire pour les mêmes motifs que les femmes à celui de la maternité — et encore celui-ci est-il plus pé- rilleux que l'autre ! Et si on va réduire aussi les périodes d'exercices de ceux qui appartiennent à la réserve et à la territoriale, pense-t-on que ce soit par amour de la paix? Allons donc... Il n'est pas démontré que la majorité des Français réclamât cette réforme, mais ce sont les députés qui l'ont offerte à leurs électeurs comme un petit cadeau destiné à leur

(i) Dans V Émancipation,