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CHAPITRE II — l'anarchie DISSOLVANTE 215

vent pas les dépenser ou les organiser. On se dis- perse et on se contrecarre. Par timidité d'esprit, ou ne dépasse pas le détail, on s'attache à une puérilité, Oïl tombe dans la marotte sénile. On a le vertige de ce qui est grand et la phobie de ce qui est fort.

Évidemment, aucune œuvre sérieuse n'est possible, même avec les meilleurs, dans les conditions anor- males où se pourrait déployer notre activité.

Mieux vaut donc se replier sur soi-même que de s'agiter dans le vide et s'évertuer dans la névrose ambiante.

Laissons ceux-ci et ceux-là réformer l'orthographe, le suffrage universel ou la cuisine, propager l'espé-

travaille dans mon coin. Je veux encore que l'individu ne so serve de sa liberté que pour conquérir plus de liberté pour tous, non pour y asservir les autres. Mais je ne confonds point les succès avec les résultats, les excès du pouvoir avec l'exercice de la volonté sociale.

(( Qu'avons-nous fait? La libre-pensée a-t-elle une doctrine? a-t-elle une morale ? La République est-elle réalisée ?

(( Nous le savons, n'est-ce pas ? la démocratie cherche plutôt à profiter qu'à s'organiser.

(( Le danger est là, voyez-vous, dans notre inertie et notre indiscipline, non dans ce que pourraient tenter les moines, s'ils étaient lifcres. Ceux qui agiraient n'auraient rien à redou- ter de ceux qui prient. Mais nous ne voulons voir le salut que dans la mort universelle. Nous verrons bien ce que ça durera.

« Je demande la liberté positive d'association pour tous les groupements, ceux que connaissent tes juristes et ceux qu'ils paraissent ignorer... Et comme l'expérience m'a montré que le meilleur garant de notre liberté est la sincérité dans l'applica- tion de nos principes, je réclame hautement la liberté pour ceux qui me redressent en me contredisant par leurs paroles ou me stimulent en m'opposant leurs entreprises, c'est-à-dire pour les congréganistes. La liberté n'est que cela ».