Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

214 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

I

et qu'il se fasse une volonté d'airain pour les rem- plir.

Cet électeur n*est-il pas le nombre, c'est-à-dire le Souverain, et n'a-t-il pas que des droits?...

Ce n'est pas à dire, certes, qu'il n'y a plus, en France, que des brutes. Ce n'est pas en quelques mois d'ivresse démagogique qu'un peuple peut dila- pider tout son capital moral et social, accumulé par dix siècles de discipline politique et religieuse et d'effort mental.

Mais la misère de ces temps troublés est telle que ceux-là mêmes — nombreux sans doute — qui restent encore imbus de sentiments sociaux ne sa-

par sa foi. En prononçant ses vœux, il fait un usage de la liberté qui vaut pour lui. Un citoyen reste libre quand il se subor- donne volontairement à un ensemble. La liberté ne s'exerce qu'en s'organisant. Le croyant n'est libre vraiment que s'il peut vivre selon sa doctrine et agir pour elle. Toutes les reli- gions ont leurs congrégations, — même la religion radicale- socialiste, — toutes les idées ont leurs groupements.

({ Vous me direz que cette adhésion a été, le plus souvent, obtenue par des promesses ou des menaces, en tout cas par une compression de l'intelligence. Cela revient à dire que les raisons catholiques, les méthodes religieuses ne sont pas les vôtres.

(( Vous proposez de faire de ces moines des a évadés malgré eux ». De quel droit ? Vous êtes dans l'arbitraire. Aujourd'hui, c'est vous qui tranchez; demain, ce seront d'autres. La liberté de penser implique, ce semble, la liberté de méthode.

« Vous dites encore que ces moines, puissamment organisés, ne réclament leur liberté que pour nous imposer la domination romaine. Qu'importe « à ceux qui sont assez sûrs d'eux-mêmes pour ne rien redouter des ennemis séculaires de la liberté ».

« Aussi fortement que le plus véhément anticlérical, j'aspire à l'émancipation intellectuelle de tous les hommes, — et j'y