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212 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

paix et de justice dans l'ordre ne saurait se mainte- nir. Dans ce chaos, les voix sages n'ont qu'à se i taire : on ne les entendrait plus ; les bons ouvriers n'ont qu'à se reposer : on ne les aiderait point ; on ne les laisserait pas achever leur ouvrage. Nous en avons fait l'expérience.

Il n'y a que ce qui est sot et bas qui flatte l'hu- meur populaire et n'inquiète point les puissances du jour. Dans une démagogie, toute force individuelle est ennemie ; dans une anarchie parlementaire, toute force sociale est antagonique. 11 n'y a de cohésion que pour lasser l'une et briser l'autre.

Ce système ne gouverne pas des forces, il ne sub- siste que par le gâchis, il ne dure que par Tuniver- selle lâcheté. Bourgeois imbéciles, jouisseurs et ra- paces, intellectuels vaniteux et sots, fonctionnaires mollusques, travailleurs sans intelligence et sans vertu, — tous lâches, ayant horreur de l'initiative, de l'effort, des responsabilités, et, depuis qu'ils ba- fouent l'enfer chrétien, tremblant dans leur peau de tous les enfers imaginaires ou grotesques qu'ils se sont inventés (1).

(1) laine avait déjà indiqué les cauchemars bourgeois : (( Nous n'avons plus l'idée de la mort, non plus que celle d'au- cune chose extrême. Nous sommes sortis de l'état tragique. Si nous entrevoyons un grand malheur à l'horizon, c'est tout au plus un coup de bourse qui nous fera passer du premier au quatrième étage. Ce qui remplit notre imagination, c'est une infinité diversifiée de petits plaisirs ou tracas, visites, écritures, conversations, échéances et le reste » {Voyage en Italie). Les enfers et les paradis prolétariens ne sont guère moins ignomi- nieux, encore qu'aussi laïques.