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210 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Aujourd'hui, la pourriture parlementaire a pénétré jusqu'aux organes vitaux du gouvernement de la nation ; l'alcool du journal et des réunions publiques a intoxiqué Tame du peuple ; les divagations des sophistes, produits de la culture universitaire, du romantisme et du dilettantisme littéraire, ont dis- sous les sentiments sociaux qui forgeaient la volonté du devoir et contenaient les impulsions divergentes. Et cette anarchie politique, intellectuelle et sociale est trop profonde pour que nous puissions l'enrayer.

11 faut donc que les destins s'accomplissent.

Quand le désordre sera à son comble, quand il n'y ■=aura plus ni sécurité, ni bien-être, ni liberté, quand chacun sentira dans sa propre chair, à tout instant, le mal social, alors il nous restera peut-être encore assez d'intelligence pour apercevoir le gouffre et assez de ressort pour réagir congrûment et reconstituer la société française.

Mais la crise sera terrible...

Certes, on risque de s'attirer quelque ridicule à faire les Jérémie, à vaticiner. Aussi peut-on s'en dis- penser : nous n'avons qu'à rappeler le passé, de sang, de misère et d'oppression.

Quelques mois avant l'effarante débâcle, en 1869, Ernest Renan écrivait à la première page de son Saint-Paul : « Notre jeunesse a vu des jours tristes, et je crains que le sort ne nous montre aucun bien avant de mourir. Quelques erreurs énormes entraî- nent notre pays aux abîmes ; ceux à qui on les signale sourient ».

Ce qui a été sera. Les mêmes causes auront les