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196 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

monde — il vient de s'apercevoir que le mouve- ment des associations de fonctionnaires est grave. Il s'est inquiété de cette organisation de Tanarchie au cœur même de TÉtat.

Il avait de bonnes raisons pour cela ; mais ce ne sont pas ces raisons, on Tentend bien, qui l'ont dé- terminé. Comment un parti conserverait-il la majo- rité s'il n'avait pas des places et des prébendes à distribuer? L'électeur n'est tout de même pas si naïf de préférer tel concussionnaire à tel tripoteur, s'il n'y a pas un intérêt immédiat, — et l'on ne peut pas les payer ou les décorer tous.

Dans l'agitation des fonctionnaires, le gouverne- ment a donc vu surtout une critique impertinente des pratiques dont il subsiste et de futurs obstacles à les continuer. Et c'est pourquoi il a tenté de réagir.

Trop tard. 11 n'y a qu'une force d'ordre, une au- torité morale qui eussent pu être efficaces, et pour organiser, c'est-à-dire contre l'anarchie parlemen- taire.

Ce sont les clients eux-mêmes qui s'insurgent contre les dispensateurs de sportules. Ils sont 910,000 I On avait 120,000 courtiers électoraux officiels. Et ce sont eux, les instituteurs qui, dès janvier 1905, transforment leurs innocentes Amicales en syndicats, d'abord dans le Var et les Pyrénées-Orientales, puis dans les Gôtes-du-Nord, le Morbihan et le Cher. Surpris, ou ne soupçonnant pas la portée de l'élan, le gouvernement a laissé faire. Ce n'est que le 5 oc- tobre 1905, quand le syndicat de la Seine dépose ses