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CHAPITRE PREMIER — LES FO^ÏfGTIONNAIRES 195

coloniale, par exemple, tel petit commis des affaires indigènes tenir tête au gouverneur lui-même.

C'est que le fonctionnaire est, de nature, un « per- sécuté ». S'étant généreusement concédé tous les droits, hormis le seul que puisse revendiquer saine- ment un serviteur social, celui de faire tout son de- voir, il s'en trouve toujours quelqu'un de lésé, — et il a recours alors à Tassociation dont il fait partie le plus souvent, aux députés et sénateurs de son dépar- tement, voire à la presse démagogique, contre ses chefs hiérarchiques qui s'empressent de faire droit à sa demande, à tout le moins de le déplacer en lui donnant de l'avancement. Telle est l'autorité dont jouissent les chefs de services. Mais ils acceptent allègrement leur impuissance puisqu'ils sont irres- ponsables. Tels sont les caractères que forme le système.

« Quand on a vu, dit M. de Lanessan, des gou- vernements ériger les fonctionnaires en dénoncia- teurs ou en surveillants de leurs concitoyens, voire de leurs collègues, en agents électoraux ou en exé- cuteurs des haines ou des vengeances gouverne- mentales, peut-on s'étonner que ces fonctionnaires s'insurgent contre les chefs qu'on les a incités à mépriser?)).

Depuis quelques années, ce gouvernement qui ne yit qu'au jour le jour, avec les petits moyens qui se présentent et les petites pensées qui l'animent, a toléré les associations de fonctionnaires, s'il ne les a encouragées. ■ Mais — comme les maris trompés, après tout le