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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 193

Et après? Ce n'est pas de qui détient la sinécure, ni de la façon dont on a sauté sur la corde pour ra- voir que provient le mal, c'est de la sinécure elle- même, du désordre social qu'elle provoque.

Et si, par aventure, c'est bien d'une fonction utile dont il s'agit, il n'importe qu'une chose, c'est qu'elle soit bien exercée. Or le favoritisme peut, parfois, être intelligent, — le concours l'est rarement, l'avan- cement automatique jamais.

Mais on nous parle des « droits acquis ». XVUnion pour la vérite\ où l'on discutait cette grosse question, Paul Desjardins déclarait : « L'abus n'exisie passeu- ment lorsqu'on favorise des incapables, il existe même lorsqu'on favorise des hommes de mérite. Méritée ou imméritée, c'est le fait même de cette in- sertion anormale qui crée l'anarchie ».

Eh bien, non ! il n'y a pas de « droits acquis » contre l'intérêt vital d'une société que ses fonctions soient bien remplies.

Les fonctionnaires ont fait des études, passé des examens, — en quoi cela leur confère-t-il des privi- lèges spéciaux ? Les avocats, les médecins, les gens de lettres, les artistes, les savants aussi, pour s'en tenir aux professions libérales, ont fait des études et passé des examens, et ils n'ont d'autre droit que d'exercer leur métier à leurs risques et périls.

Nos bons sinécuristes ont été imprudents. Ils ont éveillé l'attention. En défendant trop âprement leurs prérogatives, ils nous les ont signalées. En dénon- çant le favoritisme, en réclamant l'avancement au- tomatique, la liberté de permutation, ils nous ont

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