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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 191

A la base de ce fameux statut, il y a le concours.

Or le concours ne fait nullement ressortir le vrai mérite. Gela a été dit, redit, et se prouve tous les jours. Ce n'est même pas une précaution contre la brigue et la faveur ; le concours des hôpitaux, et autres, en témoignent. On truque les examens comme on truque les urnes. Dans les meilleures conditions, on ne mesure ainsi que la mémoire. Au reste, par la préparation universitaire qu'ils suppo- sent, les concours contribuent à Taffaissement des caractères. Au fond, on le sait bien, ils ne servent qu'à filtrer les innombrables postulants aux emplois publics en ne laissant passer que les heureux béné- ficiaires des majorais de bacheliers réservés à la bourgeoisie.

Quant à la compétence, si elle est nécessaire dans tous les métiers, il semble bien qu'elle le soit beau- coup moins dans les fonctions publiques, puisque c'est là seulement -— et dans la politique — que la permutation est de pratique courante.

On nous parle de la responsabilité. Si les garan- ties que réclament encore les fonctionnaires les pré- servent de tous les accidents auxquels on est exposé dans les autres carrières, elles sont peu propres, imagine-t-on, à développer le sens des responsabi- lités. La sécurité excessive porte plus à la torpeur qu'à Tactivité, à la routine qu'à Tinitiative. Les fonc- tionnaires, sur toute Téchelle administrative, ont une horreur profonde de la moindre responsabilité. D'ailleurs, avec le recrutement par le concours et l'avancement automatique, il n'est pas possible de