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190 DEUXIÈME PARTIE — LA GRISE POLITIQUE

d'exiger encore d'autres avantages ou privilèges? En effet, plus les fonctions publiques seront avanta- ï geuses, plus les sollicitations seront nombreuses et \ pressantes. Or notre système électoral ne permet point aux détenteurs du pouvoir qui dépendent des parlementaires, lesquels dépendent des électeurs influents, de résister aux sollicitations quelconques. Si les fonctionnaires parviennent, au moyen d'un statut légal dont leurs associations imposeront le respect, à conserver leurs places, le gouvernement, pour satisfaire sa clientèle électorale, devra multi- plier les sinécures à côté, les fonctions nouvelles, prodiguer les prébendes, — et cela précipitera la ruine du pays. Les fonctionnaires veulent un gou- vernement faible devant leurs exigences de parvenus et fort devant la ruée des sollicitations. C'est trop bien arrangé pour être possible.

La vérité, c'est que le gouvernement parlemen- taire n'a ni force ni autorité. Il ne se maintient que par la corruption, sous toutes ses formes. Tout son art est de corrompre en dissolvant. C'est pourquoi il tend à tout centraliser. Pour chaque service social qu'il assume, ce sont des emplois, des sinécures, des sportules à distribuer. Cela l'alimente et le sou- tient pour quelque temps. C'est tout le système, et pourquoi il dure.

Point de statut mirifique, point de magique ba- guette qui puissent rien changer à cela. Par paresse d'esprit ou légèreté de cœur, les Français ont une fâcheuse tendance à croire aux petits trucs miracu- leux qui les dispenseraient de réfléchir et d'agir.