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188 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Dans toutes ces revendications, remarquons-le, il! ne s'agit pas des devoirs, mais des droits; non pasi de la fonction, mais du fonctionnaire. Voilà qui ca- ractérise une démocratie.

Le fonctionnaire ne saurait avoir des droits parti- culiers. Il n'a que des devoirs, envers TÉîat comme envers le public. C'est en ce sens que le positivisme nous amènera à considérer tous les emplois et les travaux comme des fonctions sociales. Dans la so- ciété reconstituée, Topinion publique réprouvera! aussi sévèrement la grève ouvrière que la grève des i agents de l'État. C'est pourquoi on peut aussi, pré- sentement, excuser celle-ci comme celle-là.

En effet, quand le désordre vient d'en haut, la ' grève est parfois un moyen de contenir les abus d'une direction indigne. Certes, elle ne cesse point d'être un mal ; mais c'est peut-être, immédiatement, un moindre mal.

Si nous avons tous applaudi au premier mouve- ment des postiers, c'est que nous commençons à sentir que le politicien est l'ennemi commun. Mais îl faut prendre garde. Derrière tel ministre mépri- sable, il y a malheureusement tel organe essentiel de la société française que les interruptions brus- ques de fonctionnement, sinon le hideux sabotage, risquent de fausser et de détruire. Quand le cœur s'arrête, l'organisme meurt. Il n'y a pas de droit de ■grève pour le cœur.

Les postiers ne défendaient que des intérêts pro- fessionnels. Cela ne les justifiait point d'arrêter la vie sociale. Le syndicalisme d'ordre se dressant