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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 187

} rien de Tordre et de la vitalité sociale la concéderait ! largement à tous, y compris à ses fonctionnaires, et l'on n'en usera jamais assez.

Nous connaissons le Monsieur fraîchement décoré I qui, après avoir mis en branle tous les rouages de [l'État pour qu'on lui accorde un bout de ruban, s'étonne et s'indigne de voir le Journal officiel du 14 juillet et du 1^^ janvier publier de si copieuses listes de chevaliers et d'officiers de toutes sortes d'ordres. Les fonctionnaires sont de la même espèce. Ils ont presque tous bénéficié des recommandations politi- ques, en tout cas ils en ont tous sollicité, — et c'est contre les recommandations qu'ils protestent.

L'extension du système électoral des sinécures a développé outre mesure l'esprit sinécuriste. Ainsi le gâchis est complet. Les fonctionnaires se syndiquent, ils menacent même de faire grève, ils réclament une charte con- stitutive, — qu'est-ce à dire ? Qu'on va réformer l'ad- ministration ? réorganiser les services publics ? réagir sur le sinécurisme envahissant? Ce n'est pas de notre temps. Il n'est question que de consolider les privilèges, de perpétuer les majorats de bacheliers, de garantir à M. Badin une entière irresponsabilité, avec un avancement automatique, quoiqu'il fasse, ou plutôt ne fasse point, et une retraite inéluctable. Voyez-le : les fonctionnaires veulent <( un règlement qui déter- mine d'une manière uniforme les conditions de re- crutement, d'avancement, de discipline, et les traite- ments du personnel ».