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184 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

Cette tyrannie s'exerce de multiples façons, et parfois occultes. Il y a la franc-maçonnerie, il y a les ' fameux « délégués ».

Un instituteur arrive à Timbouctou — oui, un in- stituteur, sortant de Técole normale, à Timbouctou! — Son premier soin n'est pas de visiter son école; mais d'aller à la popote du capitaine commandant de cercle et des officiers pour leur tenir ce langage : « Je suis venu ici pour vous surveiller ; si vous ne l marchez pas droit, gare à vous ». Il ne se vantait f pas. Quelque temps après, ayant eu des difficultés avec son supérieur hiérarchique, le capitaine com- mandant de cercle, — c'est celui-ci qui fut déplacé !

M. de Lanessan, dans le Siècle, écrivait récem- ment : I

« Il n'y a pas jusqu'aux mouchards des préfets ou sous-préfets qui ne se prétendent tout-puissants et qui, en fait, ne le soient en beaucoup de lieux. Gela -descend jusqu'au vaudeville et à la farce. Dernière- ment, un fonctionnaire reçoit la visite du buraliste de la localiité où il réside, et s'entend dire, sans préam- bule : « Je viens vous dire que vous êtes remplacé, mais je tiens à ajouter que je n'y suis pour rien, car j'ai donné sur vous d'excellentes notes. D'ailleurs, votre dossier, qui m'a été communiqué, est excel- lent ». Ce marchand de tabac et de timbres, délégué officiel et connu du préfet, se vantait peut-être en tenant un pareil langage, mais le seul fait de le tenir n'indique-t-il pas un état d'esprit singulièrement contradictoire de celui qui devrait régner dans une république? »