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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 181

idéal — décoré à 50 ans sans avoir à dépenser, né- cessairement, de rinitiative,de Tintelligence et, sur- tout, de l'activité, tous veulent être fonctionnaires. Pour diminuer cette affluence de postulants, on est donc amené à compliquer les examens, mais jamais assez.

• Pour un simple travail de copiste, souvent inutile, qu'un gamin de quinze ans pourrait faire, on prend trois ou quatre licenciés ou docteurs.

Et ce n'est rien encore, quand ce n'est pas directe- ment nuisible.

Il est probable qu'un licencié es-lettres sera un fort mauvais copiste et, par surcroît, un serviteur mé- content.

A Lilliput, on était plus avisé. Sans doute, il était tout aussi ridicule de faire faire aux candidats des cabrioles sur la corde, mais, on en conviendra, il est moins nocif de faire des acrobates que des di- plômés.

Notre système réalise ce miracle de constituer des privilèges parasitaires que tous convoitent, au détri- ment de la production nationale et même des ser- vices sociaux, de les attribuer précisément à ceux qui ne peuvent effectuer que très mal le simulacre de travail machinal qui en est le prétexte, et ainsi qui mécontentent ceux-là mêmes qui en bénéficient, par la brigue, ou en dansant sur la corde.

Taine avait dénoncé déjà Timpuissance organique de notre système à placer l'homme qui convient à la place qui convient.

Les examens et les concours ne signifieraient quel-