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178 DEUXIÈME PARTIE ~ LA CRISE POLITIQUE

par la corruption politique, ne sauraient aller sans une démoralisation qui pénètre peu à peu toutes les couches de la nation.

Par le simple jeu du suffrage universel, le député est contraint de se plier aux exigences pressantes des électeurs, et le ministre à celles des députés. Le ministère a lui-même de grands besoins, puisque ses membres sont des élus du peuple. Le Matin le disait un jour : « Dans la République des États-Unis, on pratique le système « des dépouilles aux vain- queurs ». C'est-à-dire qu'on remplace les créatures du parti vaincu par les créatures du parti victorieux. Chez nous, on ne chasse personne ; on respecte les « droits acquis », si souvent mal acquis, partant peu légitimes. Les créatures des vaincus gardent leurs emplois ; on en crée de nouveaux pour les créatures des vainqueurs. Quand la créature à pourvoir ne se peut contenter d'une petite fonction, c'est tout un bureau qu'on met sur pied ; pour assurer au fils d'un sénateur influent 8,000 francs de traitement, on inscrit au budget 20,000 à 30,000 francs de dépenses. Les grades supérieurs se multiplient à , l'excès. Aux travaux publics, il y a un fonctionnaire il supérieur pour trois subalternes. Au pavillon de Flore, on trouve dans certains bureaux un chef et un sous-chef pour deux employés ».

On ne peut multiplier les sinécures à l'infini, ni réduire trop les véritables services sociaux, et ce- pendant il faut faire face aux promesses que l'État a prodiguées aux diplômés^ et les élus aux plus impor- tants électeurs.,.