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176 DEUXIÈME PARTIE — LA CRISE POLITIQUE

ticoles ne savent, ni, trop âpres au gain, ne peuvent traiter le moral.

Il est évidemment dangereux de confier la nais-

sance, la santé, la vie et la mort des nôtres à des

vétérinaires, — surtout s'ils sont pressés par une concurrence sans merci et talonnés par la faim...

Sous de tels aspects, l'anarchie présente ne laisse .point d'être inquiétante pour les plus optimistes.

Nos bacheliers se rejettent donc de plus en plus sur les fonctions publiques.

A ceux qui disent que « nul n'est obligé d'être fonctionnaire », M. Joseph Cernesson, dans VÉman- cipation^ formulait ce problème insoluble pour un bourgeois : « Étant donné un jeune homme dé- pourvu de fortune et ayant fait de bonnes études classiques, indiquer pour lui, en dehors du fonc- tionnarisme, une carrière de l'ordre scientifique ou une carrière de Tordre littéraire qui soit en harmo- nie avec la culture et les goûts développés en lui parles établissements d'instruction publique ».

Un ivrogne nous posait un jour une question ana- logue : « Étant donné que je m.e soûle sept fois par semaine, au moins, m'indiquer un moyen de ne pas devenir alcoolique ».

L'Université, avec son enseignement de mots, d'érudition, ne peut pas ne pas faire de sinécuristes, et depuis qu'elle s'est réservé le monopole n'en pas faire toujours plus. Évidemment, M. Cernesson a raison, nos bacheliers et nos licenciés ne peuvent être que des fonctionnaires inutiles ; mais c'est la condamnation de notre enseignement.