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la pensée égotiste et anarchique, au chaos primitif, d’où la dure nécessité avait fait sortir nos sauvages ancêtres de l’âge de pierre.

Mais la conversation continua… On en vint à évoquer la multiplicité croissante des crimes… Ici, notre féministe modifia tout son point de vue.

« On n’est jamais assez sévère pour les brutes qui tuent. S’ils sont des fous, tant pis. Il faut les supprimer comme des chiens enragés. La peine de mort est un exemple qui peut effrayer les autres ».

Voilà l’instinct social dans toute sa vigueur, — jusqu’à la férocité ! Comment cette dame pouvait-elle accorder cela avec l’imbécile individualisme précédent ? Voilà le mystère des cerveaux intoxiqués ! Ces deux modes coexistaient bien dans son esprit, et, certes, ce n’était pas sans retentir plus ou moins dans ses actions.

On l’eût bien scandalisée, sans doute, si on lui avait dit que la violence impulsive d’un gorille attardé est moins nocive que la proclamation de certains « droits », et aussi que le sacrifice de l’individu est moindre de le maintenir dans une condition où il s’est placé lui-même que de lui trancher la tête.

Et tous les Français sont ainsi. Ils ne sont pas anarchistes intégralement, dans tous les cas et toujours : ils le sont chacun par quelque côté, dans certaines conjonctures, à leur moment. Le malheur est qu’au lieu que ce soient les lois qui contiennent ces accès d’hystérie, ce sont ces accès qui influencent le plus les Parlements dans le travail législatif.

Chacun de nous est contaminé plus ou moins.