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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 165

au cours moyen, recueil de morceaux choisis, em^ pruntés, pour la plupart, à des auteurs connus, M. Gurnaud (1) nous apprend : « D'ane édition à Tau- Ire, ces morceaux ont été retouchés. Dans sou émou- vant récit, le Croup, Gusidi\e Droz écrit : Le docteur Faron, c'était le bo7i Dieu. Dans le manuel, il n'es! plus que le sauveur, sans majuscule naturellement. Le livre de Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Vir- ginie, contient ce passage : Jamais Dieu ne laisse un bien sans récompense. Le manuel le reproduit avec cette variante : Jamais le bien ne reste sans récom- pense. Le sage Daniel de Foë, Cervantes sont expur- gés. (( Vive Dieu ! » s'écrie un personnage de Gil Blas. Cette exclamation disparaît. Et quant à Sancho, il ne dira plus : « Dieu le veuille », mais : « Je le souhaite ». Ainsi, le livre scolaire a toutes les licen- ces et la censure laïque peut impunément mutiler les chefs-d'œuvre ».

Si ce n'était que grotesque, il n'y aurait qu'à en rire. Mais les sources vives de l'âme nationale somt corrompues ou desséchées. A la tribune àe la Chambre, en un langage émouvant et magnifique^ Maurice Barrés a dit ce que signifiaient les suicides d'écoliers. La prostitution infantile, la criminalité juvénile croissantes complètent la démonstration.

C'est l'espoir même que nous perdons ainsi. Que faire ? On préconise les associations de pères de fa- mille pour surveiller l'école. Soit. Mais, il le faut reconnaître, c'est lamentablement insuffisant.

(1) L'École et la Famille.