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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 161

dre à son patron la maison où il était employé comme comptable avant son départ à la caserne.

Il y a quelque temps, nous recevions une lettre de ce jeune homme. 11 n'avait pas réussi dans son entreprise, et il nous priait de le recommander à quelque parlementaire pour lui faciliter son entrée dans un bureau de ministère.

Nous lui répondîmes aussitôt qu'il n'y avait aucune raison pour qu'un député, harcelé par ses électeurs et par les Loges maçonniques, usât de son crédit pour nous. Nous ajoutions que nous ne comprenions point, au surplus, son découragement pour un pre- mier échec, après une seule année d'efforts, et nous terminions par des considérations sur le parasitisme honteux, sur l'existence médiocre, morne et passive du fonctionnaire rond-de-cuir...

Voici la réponse que nous en reçûmes. Elle vaut d'être reproduite ici, comme témoignage :

« ...Si je cherche à entrer dans l'Administration, ce n'est pas par vocation. Le fonctionnaire, qu'il fasse beau ou vilain, que les affaires publiques mar- chent ou ne marchent point, a son salaire assuré. Il peut établir son budget sur une donnée précise et sûre (si petite soit la rémunération), organiser ses dépenses, faire face à ses engagements.

« J'ai perdu, pour ma part, dans la société que j'avais fondée, 8,000 francs. J'ai pu me libérer de 6,000 francs. Je suis donc encore, très lourdement, endetté de 2,000 francs environ.

« Comme vous le voyez, je suis malade, bien ma- lade, et j'ai la tête fatiguée. J'entrevois l'Adminis-

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