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CHAPITRE PREMIER — LES FONCTIONNAIRES 155

Le rapport de M. Jeaimeney sur le budget du mi- nistère de l'Intérieur nous renseigne, dans son cha- I pitre 37, sur l'application de la loi d'assistance auK vieillards, aux infirmes et aux incurables.

Certes, c'est là une bonne loi, le type parfait des bonnes lois. L'intention du législateur — nul ne le contestera — fut excellente. 11 n'avait même pas pensé à ce qu'il en pourrait tirer pour faciliter sa réélection, — ce qui est bien près d'être de l'hé- roïsme. Mais, en matières sociales, les intentions ne suffisent point. A l'user, on s'en aperçoit encore.

Tous les journaux ont reproduit des extraits du rapport de M. Jeanneney. Nous nous bornerons donc à rappeler les faits essentiels et à présenter quelques observations.

La loi du 14 juillet 1905 était applicable à partir du l^"* janvier 1907. D'après les évaluations de M. Bienvenu-Martin, en 1903, 17 millions et demi de- vaient suffire à sa pleine application ; d'après celles de M. Strauss, en février 1904, 43 millions; d'après celles de M. Milliès-Lacroix, en décembre 1904, il fallait aller jusqu'à 67 millions. Et c'est là-dessus qu'on se basa pour voter la loi. Or M. Jeanneney a prévu, pour 1909, qu'il faudra au moins 94 millions.

Et l'on ne s'arrêtera pas là. Le nombre des assistés à domicile s'accroît rapidement. On en avait prévu 190,000 d'abord. Au l^'" juillet 1907, ils étaient déjà 298,000. Au 31 mars 1908, ils étaient 406,000. En neuf mois, la progression a donc été de 36 0/0. M. Jean- neney en annonçait 450,000 au moins pour 1909. Or,